Les chroniques d’Hippolyte

#5 – La fierté dans le coeur et dans le bedon (Mai 2023)

Dans une chronique précédente, je soulève la question « comment expliquer la fête de Pâques à mes enfants nonpratiquants? ». À l’approche de la Journée des Patriotes, cette année je me fais un devoir de raconter l’histoire avec une narration
facile à comprendre pour mes 4-6-9 ans. Au-delà des faits d’armes et prises de position politiques défendues par ces illustres
gaillards, fin des années 1830, je veux faire ressortir cette extraordinaire fierté partagée encore aujourd’hui par la majorité des
Québécois.

Une fierté de langue, même si nous la maltraitons un brin. Une fierté de culture, une fierté de gastronomie. Une fierté de
liberté de parole que bien d’autres nations nous envient en silence.

C’est donc sous cet angle que j’expliquerai le Jour des Patriotes à mes petits marsouins. Ils ne sont pas encore rendus à se
demander si le Roi Charles III a raison d’être leur souverain, aujourd’hui, en 2023. Il ne se demandent pas encore si leurs petitsenfants parleront français à vingt ans. Ils ne se soucient pas du poids écrasant que l’économie étrangère mets sur nos frêles
expertises commerciales. Quant à la précarité de notre identité culturelle, cela ne leur dit strictement rien.

Cependant je félicite l’école de mon grand, qui lui a appris à chanter Gilles Vigneault, en début d’année.

« C’est monsieur de la Misaine , qui dit qu’il est capitaine
Mais moi j’ai vu son bateau, naviguer dans le ruisseau
Barati Baratin, haut-fond
Un haut-fond dans son jardin …. »

Un effort à la fois, un détail, une parole, une citation reprise, redite, répétée…Une oeuvre à la fois…Signée par tous nos grands, qu’ils soient artistes, politiciens, citoyens engagés, mamans au foyer, papas débordés, enfants curieux…Notre société est si belle, une courte-pointe de coeurs qui se métissent.

Je veux dire à mes enfants que cette fierté n’est pas une exclusivité « made in Québec ». Nos chères Premières Nations
sont fières. Les Irlandais son fiers. Tout peuple doit défendre jalousement son droit d’exister. En particulier ceux qui frôlent
l’extinction, avalés, ose-je dire « colonisés »?

Battez-vous mes enfants, pour la survie de nos doits et libertés.

Vous êtes privilégiés, certes, de grandir sur une terre d’accueil magnifique, de connaître les 4 saisons dans votre jardin, de
crier et de pleurer selon vos émotions, de rire aux éclats, de pouvoir exercer le métier de votre choix, sans aucune restriction de race,
de religion ou de langue.

Battez-vous, chers enfants, pour que le sirop d’érable et la poutine continuent d’être engloutis par des bedons somme toute bien nourris. Accompagnez-les de houmous et de toutes les épices du moyen-orient. Ouvrez les bras à toutes les odeurs, toutes les saveurs. Répondez à tous les sourires du monde. Apprenez à parler plusieurs langues. Reconnaissez les droits de tout être humain et protégez la vie. Celle d’une plante, d’un chat ou d’un enfant. Assoyez-vous près d’une personne d’un autre âge et écoutez ce qu’elle a à vous dire.

Tout cela, faites-le en vous souvenant de votre petit coeur de québécois qui palpite dans votre poitrine.

« Je me souviens ». Cela vous dit quelque chose?

Vous n’êtes pas obligés de tout aimer. La voix de Félix Leclerc ne vous touchera peut-être pas. Mais l’avez-vous entendu ne serait-ce qu’une fois? À quoi ressemble celle de Richard Séguin, de Johanne Blouin, d’Alys Robi? Reconnaîtrez-vous une toile de Riopel?

Mais tout cela, beaux enfants, c’est à moi de vous l’apprendre. Certes, l’école a un rôle de mémoire. La société toute entière doit vous enseigner cette histoire qui est la nôtre. Et aussi vous faire découvrir ces technologies et leurs savants, bien québécois, qui font avancer le monde entier, en neuro-science, en intelligence artificielle et jusqu’à la NASA.

Mais pour la voix de Félix et le houmous au sirop d’érable, c’est à moi, votre maman, de vous les faire connaître. C’est moi qui vous éduque et qui doit prêcher par l’exemple. Car si moi, je n’aime rien de ce qui se fait chez nous, si je critique sans rien de constructif à la clé et si j’envie tout ce que font nos voisins en pensant qu’ils font toujours mieux que nous, comment pourrai-je vous convaincre de l’importance d’être fiers?

Fiers d’être Québécois.

Fiers d’être vous-mêmes.

Magali

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