Les chroniques d’Hippolyte
#13 – Deux ans (Mars 2024)
En mars 2022, j’ouvrais les portes de mon commerce. Avec ma famille, nous sautions à pieds joints dans l’aventure de Chez Hippolyte Café & Boutique. Mes enfants avaient alors 3, 5 et 8 ans. Les mois défilèrent à grande vitesse, à coup de fêtes, de projets et d’obligations.
Chaque mois, une nouvelle « grosse affaire » à gérer, tant sur le plan perso que professionnel. Oui, le temps passe vraiment vite. Car c’est bien beau les grands projets entrepreneuriaux, trois rejetons ça mange, ça grouille, ça va à l’école… Ouvrir un café-boutique + être mère et épouse = la « fameuse » conciliation travail-famille.
Donc, pour souligner ce deuxième anniversaire, j’ai envie de me faire un cadeau : je vais me lancer des fleurs. Et par le fait même, je vais vous en lancer également. Voici pourquoi. Dernièrement, je me lamentais auprès de mon homme parce que j’avais l’impression d’avoir échappé toutes mes balles : la maison n’était pas aussi bien tenue que dans mes rêves, j’accordais peu de temps aux devoirs, aux soupers, bref, ma présence à la maison n’était pas « de qualité ». Sans vraiment m’en rendre compte, je déposais sur les épaules robustes de papa toute la charge mentale de la maisonnée. Le travail m’avait accaparé, je craignais ne pas avoir été à la hauteur en abandonnant la famille.
Mon homme, si plein de sagesse et d’amour, m’a fait alors comprendre que les enfants étaient heureux et qu’avec eux, ils avaient trouvé une routine « sans moi ». Il me rassura : j’étais plus présente que ce que je pensais et mon travail leur apportait des expériences diverses qui leur plaisaient bien. Je ne m’occupais peut-être pas de tout dans la maison, mais je participais pour l’essentiel. Le plus important à mes yeux : mon homme me dit alors que personne ne m’en demandait davantage. Tous comprenaient, me soutenaient et m’aimaient : « On savait dans quoi tu t’embarquais, on était prêts ».
Il arrive un moment où on se sent étourdi. Je croyais, bien à tort, passer à côté de plein de choses importantes chaque fois que j’étais avec mes clients plutôt qu’avec mes enfants. J’en oubliais les bons côtés de tenir boutique à quinze minutes de la maison, plutôt que de me farcir quatre heures de voiture par jour pour travailler à Laval (si, si, je l’ai fait : deux heures le matin, deux heures le soir).
Je suis donc redescendue sur Terre, cessant de me faire des scénarios catastrophes où mes enfants, une fois adultes, me reprochent mon absence et me jettent à la figure combien ils ont détesté leur enfance « T’sais maman, dans le temps où tu tenais ton café ? T’étais jamais là. Tu nous obligeais à aller t’aider, on pouvait jamais partir en vacances à cause que tu devais travailler. C’était horrible. Tous nos amis partaient à Disney et nous, fallait travailler avec toi pendant les vacances… » Eille !
Sincèrement, je sais bien que mes enfants ne me feront jamais de tels reproches. Je mets beaucoup d’énergie pour que cette aventure soit positive dans leur vie. Le mélodrame se jouait dans ma tête. Après ma douce conversation avec mon homme, j’ai compris ce qu’eux, bien avant moi, avaient compris : je fais de mon mieux et je les aime tendrement. À la hauteur de mes capacités, et non de celles du voisin.
Donc, à toutes les mamans qui culpabilisent de laisser poupon à la garderie tôt le matin pour gagner leur vie. À tous les papas qui rentrent tard, manquent le souper et arrivent de justesse pour le bain, après s’être donné à fond « une heure de plus » au boulot. À tous les amoureux qui ne se sont pas vraiment parlé de la semaine, chacun submergé par ses préoccupations et trop fatigués pour discuter. À tous les membres de votre famille qui font de leur mieux et donnent le meilleur d’eux-mêmes. À tous les enfants qui comprennent. Je vous lance des fleurs.
Magali