Les chroniques d’Hippolyte

#11 – Juste à Saint-Hippolyte? (Janvier 2024)

Si notre bien-aimé journal Le Sentier bouclera ses 40 ans ce printemps, Chez Hippolyte Café & Boutique soufflera deux belles grosses bougies en mars. Ouf. L’une des premières choses que je retiens de cette aventure est la sollicitude récurrente de nos clients ces derniers mois : « J’espère que ça va bien? » « Est-ce que les affaires marchent? » « On a tellement peur que vous fermiez, c’est pas facile à Saint-Hippolyte ».

Ah bon. Pas facile? À Saint-Hippolyte seulement? Les domaines de la restauration et de la vente au détail n’écopent-ils pas à la grandeur de la province? Je suis peut-être dans ma bulle, mais j’ai l’impression que nous, on s’en sort plutôt bien. Pourtant rien n’était moins sûr à l’ouverture!

Comme vous le savez, le charismatique JLR Bijoutier-Horloger, voisin de mon café, est mon frère Pascal. Nous avons ouvert ensemble et dès lors, avons reçu des commentaires qui auraient pu nous décourager, si nous n’avions pas été forts de notre expérience et de notre enthousiasme. En voici un échantillon :

« Ça ne marchera jamais ici! »

« On est juste à Saint-Hippolyte, pas à Saint-Sauveur! »

« Vous allez faire faillite dans pas long! On ne vous le souhaite pas, mais c’est possible… »

« Vous êtes bien trop cher pour le monde d’ici… »

« On n’a pas besoin de ces bébelles-là à Saint-Hippolyte » (Croissants frais et confitures maison pointés du doigt)

Paradoxalement

Eh oui. Paradoxalement, on entend soupirer : « Y’a rien ici à Saint-Hippolyte! ». Curieux. Pourtant, depuis quelques années, d’autres passionnés ont aussi démarré leur entreprise : toilettage et éducateurs canins, mécanique automobile, entrepreneurs, paysagistes, restaurants, traiteurs, fleuriste, massothérapeutes, naturopathes, salon de beauté, bijoutier horloger, boutique cadeau, café, pâtisserie-boulangerie, etc. Sans compter les grandes bannières, bien sûr. Nous avons la chance d’avoir les services d’un véritable bijoutier horloger de métier, dans sa boutique pimpante et chaleureuse. Un producteur de miel, un autre de sirop d’érable. Un torréfacteur qui nous propose des cafés de qualité supérieure sous la marque 62 Lacs Café. Nous avons un bar à smoothies des plus sympathiques (êtes-vous déjà entrés dans cet espace lumineux qu’est la Halte Nutrition? Wow!), une Barbière des lacs ultraqualifiée (gentille, douce, à l’écoute, drôle), des garagistes compétents et charmants…

Je manque de lignes, ici, pour nommer tout le monde. Des dizaines de commerces qui ne veulent qu’une chose : plaire à leur communauté, à leurs clients. Et que dire des nouveaux restaurants qui se distinguent? D’une fleuriste qui vous accueille les bras ouverts dans le Croissant des Hauteurs? Et que dire de moi-même, humble propriétaire d’un petit café de village, qui s’échine à vouloir le meilleur pour vous? Tout ça, juste à Saint-Hippolyte. Quand nous aurons fait le tour de tous ces commerçants, nous pourrons alors juger si, effectivement, nous n’avons pas « grand-chose » par ici. D’ailleurs, ça veut dire quoi pas grand-chose?

Que recherchions-nous au départ?

Au-delà de l’éternelle insatisfaction caractérisant certains consommateurs, rappelons-nous : pourquoi sommes-nous venus habiter ce pittoresque coin de pays? Que recherchions-nous au départ? Ne serait-ce pas la nature et le calme? Une municipalité doit choisir de quelle façon elle va développer ses attraits commerciaux, industriels, résidentiels… Elle se doit de maintenir un équilibre. D’un côté, il faut des biens et services pour répondre à un besoin de proximité. De l’autre, il faut respecter l’espace et la nature en contrôlant la pollution auditive, le mouvement de la circulation, etc. Car en venant vivre à Saint-Hippolyte, n’acceptons-nous pas d’emblée de nous éloigner un peu du centre commercial?

Magali